Pour la seconde fois, une partie de notre équipe a décidé de descendre dans le Gard pour participer à la course de Hard enduro la plus célèbre de France. On revient sur nos plus beaux faits de course et les motivations qui nous poussent à faire autant de route pour risquer d’y laisser la moto !
Qui peut participer à l’Alestrem ?
On a croisé pas mal de pilotes dans le paddock qui participaient pour la première fois à l’une des courses d’enduro extrême les plus dures de France. La course est accessible à des pilotes d’enduro qui ont une bonne endurance et un minimum de technique. Il n’est pas nécessaire de maîtriser les pieds anglais à la perfection ou de savoir faire des wheelings au ralenti à la Jarvis pour boucler un tour. Les obstacles sont impressionnants, mais le grip est là.
Si vous avez déjà participé à des compétitions d’enduro classiques et que vous aimez le franchissement, cette course est faite pour vous. Vous n’aurez pas forcément la capacité de finir, mais vous pourrez transpirer sur une bonne partie des obstacles.
Pour apprécier ce genre de course, il faut vraiment avoir à l’esprit que ça va être très dur. Tant pour la moto que pour le pilote. Vous casserez peut-être des pièces. Vous laisserez sûrement de nombreuses calories. Vous aurez certainement à pousser votre moto sur certains obstacles. Vous aurez du mal à prendre de la vitesse.
Choix de la moto
Nous sommes partis avec nos Husqvarna 250 TPI 2021. La majorité des pilotes roule avec ce modèle. Quand on arrive sur le paddock c’en est même choquant ! On ne voit quasiment aucun 4 temps.
Le choix se porte sur les 2 temps récents parce que ces motos sont très légères. Contrairement aux 4 temps, bien que sur la balance le poids semble similaire, les masses suspendues sont plus faibles sur les 2 temps. Pour les pilotes qui ne chutent jamais, ça ne pose pas de problème, pour les autres, ils roulent en 2 temps ;).
Les 250 2 temps disposent d’un couple suffisant pour franchir les obstacles et d’une puissance presque sans limites quand il faut ouvrir en grand.
Déroulé de la course
Inscriptions et contrôles
L’Alestrem est une course qui se déroule chaque année fin janvier. C’est souvent la première course officielle au calendrier. L’inscription se fait par Internet au mois d’octobre. Et alors ?
Les places partent en moins de 2 heures ! Il a fallu que nous soyons le nez rivé sur nos ordis, prêts à dégainer la CB pour assurer notre place.
Autre élément important : la licence. Entre l’inscription et le moment de la course, il ne faut pas oublier de la renouveler puisqu’on change d’année entre les deux.
Comme pour les courses d’enduro classiques, il faut une moto complète, en état de fonctionnement avec éclairage, bouton d’arrêt et quelques subtilités.Il faut ajouter une sangle de traction à l’avant. C’est un élément obligatoire.
Pour la préparation de nos machines, nous avons passé du temps sur l’entretien courant. Nous avons choisi de piloter nos Husqvarna 250 TPI.
On a changé :
– Les pneus, pour monter des Mitas double bande verte, extra soft, avec de vieux bibs,
– Les plaques phares, pour des modèles à LED, puisque la course finit à 18h30 de nuit.
– Les consommables, plaquettes, kit chaine et vidange de boite.
– L’embrayage, pour qu’il soit le plus doux possible. Sur nos motos, on peut modifier la force exercée sur les ressorts d’embrayage.
– La vis de ressort d’échappement. Notre concessionnaire Sportmotos50 a mis au point une vis spécifique qui nous permet d’augmenter le couple de nos motos.
Nos faits de course
L’embrayage qui patine
On n’a pu régler nos motos qu’au dernier moment avant de partir. Du coup, on n’a pas pu essayer nos réglages de champion. Ce qui devait arriver arriva. Thomas s’est retrouvé planté avec l’embrayage qui cire dès la première montée au départ de la spéciale de sélection.
Les percussions entre pilotes
Arrivé sur la course, Thomas se fait percuter par un pilote qui n’avait pas vu le fléchage. Obligé de rouler avec un bras plus que douloureux sur chaque choc.
Le départ type Le Mans
Chacun sur son rideau, on part avec 9 autres pilotes. Un genou à terre, 5 mètres à courir vers la moto. Attention à la béquille, qui ne se replie pas de manière automatique sur ma moto. Je pars 3e et passer 1er au bout de la première difficulté du parcours. Thomas fait le holeshot, mène sa pool jusqu’à ce qu’on se retrouve.
Le point spectacle
On y passe à chaque tour. Et à chaque tour on y tombe !
J’ai commencé par me louper sur le premier rocher, 3 fois. Vous pourrez retrouver de belles images de mes exploits sur Internet. Les motos ont pris quelques chocs sur les échappements à cette occasion.
Activation du « mode rando »
On partait à 6 minutes l’un de l’autre. Le départ de la course est donné par session de 10 pilotes. On s’est dit qu’on se retrouvait sur le point spectacle de la course. On fait un break, on grignote une barre de céréales. On boit 2 litres d’eau tellement le point spectacle nous a rincé. On part ensemble pour enquiller le reste des 2 tours de la course. On roule cool, on essaie de se relâcher. De ne pas subir.
Tout se passe bien pour le premier tour.
L’arrivée dans le 2e tour
Trop contents d’avoir battu notre temps de l’an passé, on est arrivés avec une heure d’avance par rapport à notre précédent score.On arrive sur la première difficulté. Et là, on comprend que ça ne sera pas la même limonade. On roule avec un groupe de 5 ou 6 pilotes tous déjà bien attaqués par la fatigue.
On se tanque dans des montées et des tas de roches innommables. La misère, le désespoir, la fin d’un monde.
La rupture du binôme
On atteint péniblement le CP1 du tour 2, il en reste encore 8 si on espère finir. Vu l’heure, on n’avait aucune chance de finir. C’est pas plus mal, l’enfer s’arrêtera plus vite.Au pied d’une grimpette j’entends « j’ai pu de bras, c’est la moto qui fait tout », moi ça allait encore. À ce moment, j’abandonne lâchement mon coéquipier pour tenter de rallier le CP3 avant la fin de course.
Le CP3 du diable
J’avance dans la pénombre seul. Je rattrape un par un quelques pilotes qui semblent perdus ou désemparés selon les cas. Je finis par m’accrocher à un duo sympa. On s’aide, on passe les motos les uns des autres. Et puis dans le roulant, je vais plus vite. En voyant l’heure tourner, je décide de ne plus les attendre. Il me reste 35 minutes pour rejoindre le CP3. Dans un noir absolu, je tombe sur 3 pilotes coincés dans ce qui ressemble à une cascade asséchée. Je croise une piste, je rends les armes, il est 18 h 15, je n’ai plus aucune chance d’atteindre le point de contrôle suivant. Fin du Game !
Notre classement
Comme l’an passé, il y a eu une centaine d’abandons dès le prologue. Des pilotes qui sont venus et n’ont pas pu se qualifier pour la course du lendemain.
Autant vous dire qu’il ne faudrait pas que ça nous arrive. On a parcouru 1700 kilomètres en camion pour rouler 80 kilomètres d’obstacles en enduro. On doit préserver les corps et les machines. On prend du plaisir en roulant cool, on améliore notre technique c’est tout ce qu’il faut.
On a gagné des places au classement par rapport à l’an passé. Malgré tout, ça reste très sobre ! On n’a pas sorti le Champagne, mais on est quand même content de notre participation !On termine 306 et 308 sur 560 pilotes.
Le rendez-vous est d’ores et déjà pris pour la 8e édition de l’Alestrem qui aura lieu en janvier 2023. Rejoignez-nous pour vous entraîner sur nos spots techniques lors des différentes randos que nous organisons toute l’année.