Quand on part en rando en groupe, certains pilotes n’ont souvent qu’un mot à la bouche. Ils veulent du « Hard ». Vous vous demandez peut-être ce qui se cache derrière ce terme. Quel est l’intérêt de jeter la moto en l’air ? Où est le plaisir de pousser une enduro dans des pentes si raides qu’on n’irait même pas à pied !
À l’occasion de notre deuxième participation à l’Alestrem, on vous dit tout sur la discipline spécifique du Hard Enduro.
La naissance de la discipline
Au fil des ans, des motoclubs se sont mis à créer, de manière indépendante, des courses avec des obstacles. Ces événements n’étaient au départ que des manifestations ponctuelles. Il n’existait pas de championnat dédié. La notoriété de ces courses grandissant, de plus en plus de pilotes et de spectateurs se déplacent à chaque nouvelle date.
Le Hard enduro est devenu une discipline à part entière en 2018, quand le groupe KTM s’y est intéressé. En effet, la firme autrichienne se plaignait du manque de spectacle et d’engouement du public pour le Championnat du monde d’enduro FIM. Le groupe décide donc de créer son propre calendrier de courses, contre l’accord de la Fédération. Les meilleurs pilotes mondiaux qui roulent sur les motos de la marque ne seront plus inscrits en enduro GP, mais au WESS. Le World Enduro Super Series est lancé et regroupe les courses les plus extrêmes au monde.
En 2021, la FIM reconnaît officiellement le WESS comme championnat. Les 8 courses ont dorénavant le soutien logistique et la légitimité de la fédération internationale de motocyclisme.
La différence du hard enduro avec les courses d’enduro classiques
Les obstacles naturels en enduro
Les courses d’enduro sont parsemées d’embûches. Les organisateurs prennent un malin plaisir à faire rouler les pilotes dans des endroits difficiles d’accès pour le commun des promeneurs. On joue sur le dénivelé, on vous fait monter des grimpettes bien raides, ou descendre des pentes abruptes. Selon les régions, on rencontre souvent des pierriers naturels qui viennent malmener vos avant-bras.
Le hard enduro reprend tous ces éléments, et parfois les accentue. On trouve alors des montées quasi impossibles, ou encore des passages en roches à la limite du trial.
Les 5 obstacles artificiels spectaculaires des courses de Hard enduro
Pour corser la difficulté des courses d’enduro, on ajoute des obstacles artificiels. On fait le tour de ceux qui font le spectacle et qui cassent le rythme des pilotes :
- Les troncs : ils sont posés en travers de la route, avec ou sans appel selon leur diamètre. On peut se retrouver avec une succession de troncs que les meilleurs franchiront en sautant du premier au dernier. On peut en avoir dans des virages, à la suite les uns des autres, en biais. Ces obstacles sont difficiles à aborder puisqu’on ne peut pas les attaquer de face. Bien souvent, la longueur entre deux est celle de la moto. Vous n’aurez donc pas d’élan pour le passer ;
- Les enrochements : on ajoute des pierres pour fabriquer des marches ou des pierriers. Vous vous retrouvez en pleine course à traverser des champs de cailloux plus gros les uns que les autres. Ou bien vous passez des marches en pierre d’un mètre et plus ;
- Les pneus : qu’ils soient posés à plat ou debout, ils sont toujours aussi impressionnants à voir. Les organisateurs aiment trouver de vieux pneus de tracteurs ou de camions chaque fois plus gros. On les aligne pour faire monter les motos dessus, attention à la descente !
- Les buses de béton : de plus en plus glissantes après le passage des différents concurrents. Elles sont similaires aux autres obstacles, le grip en moins ;
- Les poutres en bois : vous devez rouler droit sur une planche à peine plus large que vos roues et éviter de tomber. Pour monter le niveau, ces planches sont toujours placées en hauteur, pour franchir un fossé par exemple.
Le classement
Sur un enduro classique, vous jouez votre place dans les spéciales. Un enduro, c’est se rendre d’une spéciale chronométrée à une autre par la liaison, dans un temps imparti.
Vous devez respecter le temps donné lorsque vous roulez en liaison. Si vous arrivez trop tôt ou trop tard, vous recevrez une pénalité.
Vous devrez tout donner dans les spéciales. Le cumul de vos chronos en spéciales et vos éventuelles pénalités déterminent votre classement.
En Hard enduro c’est différent. Vous participez à une spéciale de sélection pour déterminer votre ordre de départ pour la course. Plus vous êtes rapide lors du prologue, plus vous partez tôt et aurez du temps pour boucler la course le lendemain.
Votre classement se fait par ordre de passage de la ligne d’arrivée. Si vous abandonnez, vous serez classé par rapport au nombre de checkpoints franchis.
À la différence d’un enduro classique, votre classement se fait à chaque kilomètre parcouru, sur toute la durée de la course. Si vous ne partez pas premier, vous devrez doubler des concurrents pour gagner des places.
Les 4 points clés de la préparation des motos
Comme pour un enduro traditionnel, on devra passer un contrôle technique des machines pour pouvoir participer. Le règlement nous autorise quelques modifications absolument essentielles, réparties en quatre points principaux :
- Améliorer le grip. On monte des pneus et bibs à gomme très tendre pour s’assurer d’une adhérence maximale, quelles que soient les conditions. N’hésitez pas à lire notre article sur les meilleurs bib mousses du marché ;
- Augmentation du couple de la moto. On fait des réglages minutieux pour que la moto ait une traction incomparable. On peut modifier l’ouverture des valves d’échappement par exemple ou encore modifier la taille de la transmission ;
- Monter des éclairages LED. Les courses de hard finissent souvent à la nuit. Parfois la spéciale de sélection peut se faire aussi de nuit. Il est indispensable d’avoir un éclairage amélioré. On monte des plaques phares à LED et des lampes amovibles que l’on peut fixer sur le pilote ou la moto. Vous pouvez consulter notre article sur les éclairages moto qu’on a éprouvés ;
- Protéger la moto. Tous les ingrédients sont réunis pour que vous chutiez. En témoignent, les nombreux best-of et fails qui tournent sur Internet. Il faut donc protéger la moto. En priorité, renforts de radiateurs, protection échappement, sabot et amortisseur. Ça n’empêchera pas d’arracher quelques carénages ou de tordre des leviers, mais ça peut aider !
L’entraînement du pilote, y’a pas que la technique qui compte
Le hard enduro dans les faits, c’est appliquer des techniques du trial sur une moto d’enduro. La base c’est un bon cardio et une moto à la bonne hauteur ! Si la moto est bien réglée à votre taille, vous pourrez vous aider de vos jambes pour franchir certains obstacles. Vous serez plus difficilement déséquilibré sur des passages glissants.
On n’a pas encore parlé technique, mais déjà si vous avez la caisse, une moto bien réglée et que vous n’avez peur de rien, y’a moyen de faire quelque chose. Si débrancher le cerveau est obligatoire, un brin de technique n’a jamais fait de mal à personne. La maîtrise du pied anglais est un plus !
L’entrainement de hard enduro parfait c’est se mettre dans des difficultés qu’on retrouve en course et chercher à passer avec de la vitesse et trouver le meilleur grip.
Pour le style, on repassera. L’objectif c’est de franchir en se fatiguant le moins possible.
Les courses de hard enduro qu’il ne faut pas manquer
L’Extrême Challenge
C’est le nom du championnat de hard enduro français. On y retrouve 5 épreuves, toutes dans le sud de la France :
- L’extrême de Licq-Atherey. Vous n’aurez pas le temps d’admirer les maisons blanches lors de cette course toujours humide du pays basque ;
- L’Enduraid des gorges de l’Allier. L’épreuve la plus longue du Puy-en-Velay. Vous finirez de nuit quoi qu’il arrive ;
- La Tailhard Extrême, une boucle de 30 kilomètres à effectuer trois fois dans les coins les plus escarpés du Cantal ;L’en’duo du Limousin, la course auvergnate qui se court en équipe. Vous devrez franchir la ligne d’arrivée avec votre coéquipier pour valider votre classement ;
- Le 24MX Alestrem. La course de référence du hard enduro français. Les meilleurs pilotes mondiaux viennent s’affronter sur cette épreuve. Notre équipe y participe pour la deuxième fois en janvier 2022.
Le WESS
C’est le championnat du monde de Hard enduro. La crème de l’enduro se rencontre sur ces épreuves. Une partie des épreuves est sponsorisée par Redbull. Certaines portent même le nom de la célèbre boisson énergisante. La majorité des courses se disputent sur notre continent :
- Extreme XL Lagares. La course portugaise durant laquelle vous roulez sur des escaliers dans des petites rues. Vous trouverez des vidéos impressionnantes des pilotes dans ces ruelles ;
- Red bull Erzbergrodeo. La course qui a lieu sur les terres de KTM dans une carrière. On voit les pilotes grimper les pentes interminables comme des centaines de petites fourmis ;
- Red bull Romaniacs. La course la plus dure du monde selon ses organisateurs. On part en Roumanie piloter nos motos dans les Carpates. Ne manquez pas les images du passage dans le célèbre hôtel désaffecté ;
- Red Bull TKO. La seule course du championnat qui a lieu dans aux État-Unis dans le Tennessee. Les trois lettres signifient Tennessee Knock Out, la course qui met K.O.
- Hixpania Hard Enduro. L’Espagne, c’est la montagne, le soleil et la mer. Il y a de belles images d’illustration sur Internet de pilotes qui tombent directement de la montagne dans l’eau, sans voir le soleil.
- GetzenRodeo. Une nouvelle course allemande, qui ne laisse concourir que les 80 meilleurs pilotes du monde.
Venez chez nous discuter préparation moto et vous entraîner sur nos randos les plus techniques pour prendre du niveau, vous faire plaisir, et peut-être un jour participer à une de ces épreuves !